Des gobelets plastiques recyclés et transformés en revêtement de sol

Près de 5 milliards de gobelets en plastique sont consommés chaque année en France et il était, jusqu’à présent, impossible de les recycler. Une jeune entreprise, spécialisée dans l’économie circulaire, a développé un procédé de récupération et valorisation de ces déchets en les transformant en matériau d’aménagement intérieur.

8 milliards de déchets d’emballage boissons (canettes, bouteilles et gobelets) consommés en hors foyer par an en France constituent de déchets qui ne sont pas traités. Pourtant, le tri des déchets est entré dans la vie quotidienne des Français depuis des années, et des filières bien organisées ont été mises en place pour les canettes en aluminium ou pour les bouteilles en verre.

En revanche, le gobelet en plastique universel et assez polluant sont constitués de polypropylène ou de polystyrène, deux matières qui, une fois mélangées, sont non recyclables. Considérés comme des déchets industriels banals, ils sont incinérés ou enfouis, du fait de leur faible poids individuel (entre 4 et 8 grammes par gobelet). Près de 5 milliards de gobelets sont utilisés par an, en France, ce qui représente un volume de 30.000 tonnes de matière. Benoît Paget, le co-fondateur avec Stéphane Marrapodi de Canibal, une start-up spécialisée dans le recyclage, a développé un concept permettant de sensibiliser, inciter et éduquer au recyclage en faisant d’un geste de tri un geste plaisir. Canibal invente la seule solution à la fois simple, motivante et fiable pour tous les emballages boissons consommés en hors foyer : Canettes, mais aussi bouteilles et gobelets. Les machines de recyclage qui collectent les emballages de boisson sont déployés dans les entreprises, universités et les gares.

Les gobelets sont transformés en un matériau pour l’aménagement intérieur

L’entreprise a donc travaillé avec des partenaires à l’élaboration d’un procédé permettant de transformer des balles de gobelets compactés. Pour obtenir un produit recyclé, le plastique mélangé PS/PP est d’abord réduit en granulés, puis fondu et mélangé avec des matières minérales (charge de 25 %) afin d’obtenir des plaques. Une tonne de gobelets recyclés permet de produire environ 300 m² de "Caniplac". "Le matériau ressemble à de l’ardoise noire, mais il est un peu granuleux avec un aspect de béton ciré", indique le co-fondateur de Canibal. L’intérêt de cette nouvelle matière plastique est d’être thermo-formable. Ces plaques peuvent être utilisées comme revêtement de sol ou comme cloisons de stands sur les salons ainsi que pour du mobilier de bureau recyclé et notamment des poubelles afin de rendre le produit visible.

Des dizaines de millions de gobelets seront recyclés dans un futur proche

La machine, chargée de récupérer les gobelets en plastique, prend la forme d’une borne interactive et donne un aspect ludique au recyclage. Des mesures incitatives comme des bons ou des coupons permettent de lier l’utile à l’amusant. Ainsi, le gain est apprécié mais le geste est valorisant : c’est une écologie positive, un comportement vertueux, sans contrainte. Le mécanisme trie et compacte les gobelets à la source, permettant de disposer d’un gisement homogène et constant. Canibal déclare en avoir recyclé 20 tonnes en 2014 (soit 5 millions de gobelets), mais vise beaucoup plus haut et espère atteindre "des dizaines de millions de gobelets" à l’horizon de 2018. Quant aux débouchés le matériau obtenu subit des tests, afin de vérifier la résistance aux UV (pour un usage en extérieur). Débutant son histoire en France et en Suisse, Caniplac a pour ambition de se développer à l’étranger, au moyen de partenariats industriels.